Pour ce
qui est des fautes capitales, les pieux prédécesseurs ont divergé
là-dessus, mais sans grande différence ni opposition entre leurs
opinions. Leurs avis sont plutôt proches.
Il est rapporté dans les deux sahîh-s qu’ash-Sha`bî rapporte sur l’autorité de `Abd Allah b. `Amr , lequel rapporte que le Prophète
a dit : « Les fautes capitales sont : le fait d’associer un autre à
Allah, le manquement à la piété à l’égard des deux parents, le meurtre
et le serment mensonger. » [1]
Dans
les deux sahîh-s également, il est rapporté sur l’autorité de `Abd
ar-Rahmân b. Abû Bakra, lequel rapporte de son père, lequel rapporte que
le Prophète
a dit : « Voulez-vous que je vous annonce les plus graves des péchés
capitaux ? » Et il répéta cette parole trois fois. Nous lui répondîmes :
« Si, bien sûr, ô Envoyé d’Allah ! » Alors il nous dit : « C’est
associer un autre à Allah, désobéir aux parents. ». Comme il était
accoudé, il se redressa avant de poursuivre : « Il y a aussi le propos
mensonger ! » et il ne cessa de répéter cela au point que nous dîmes : «
Plût à Allah qu’il se tut. » [2]
Dans le sahîh [d’al-Bukhârî], il y a ce hadith [3] que rapporte Abû Wâ’il sur l’autorité de `Amr b. Shurahbîl, lequel le rapporte de `Abd Allah b. Mas`ûd qui a dit : « J’ai demandé à l’Envoyé d’Allah
: « Quel est le péché le plus grave ? » Il répondit : « C’est que tu
donnes à Allah un “ semblable ” alors qu’Il t’a créé. — Et ensuite ? —
Que tu tues ton fils de peur de partager ta nourriture avec lui. — Et
ensuite ? — Que tu commettes la fornication avec la femme de ton voisin.
» Et en confirmation de ce que le Prophète a dit, Allah a fait descendre : " [ils
sont] ceux qui n’invoquent pas avec Allah d’autres divinités et ne
tuent pas une âme dont Allah a interdit le meurtre sans raison valable
et qui ne s’adonnent pas à la fornication. " [4]
Dans les deux sahîh-s il y a aussi ce hadith d’Abû Hurayra selon lequel le Prophète
a dit : « Evitez les sept péchés majeurs ! — Et quels sont-ils, ô
Envoyé d’Allah ? demandèrent les Compagnons. » Il répondit : « Associer
un autre à Allah, pratiquer la magie, tuer un être qu’Allah a interdit
de tuer sauf avec droit, consommer le bien acquis par l’usure, dévorer
le bien de l’orphelin, déserter et calomnier les croyantes chastes et
naïves. » [5]
Shu`ba
rapporte sur l’autorité de Sa`d b. Ibrâhîm sa parole : « J’ai entendu
Humayd b. `Abd ar-Rahmân rapporter sur l’autorité de `Abd Allah b. `Amr , lequel rapportait que le Prophète
a dit : « C’est un des plus graves péchés capitaux que d’insulter ses
propres parents. » On lui demanda : « Comment un homme pourrait-il
insulter ses propres parents ? » Et le Prophète
de répondre : « Oui, l’un insulte le père d’un autre et celui-ci, à son
tour, insulte son père. Il insulte sa mère et ce dernier, en
représailles, insulte sa mère. » [6]
Abû Hurayra rapporte que le Prophète a dit : « C’est un des plus graves péchés capitaux que de s’en prendre à l’honneur de son frère musulman, sans droit. » [7]
-
associer un autre à Allah,
-
être sûr d’être à l’abri de Sa ruse,
-
désespérer de Sa miséricorde,
-
désespérer de Sa compassion. »
Sa`îd b. Jubayr rapporte : un homme a interrogé Ibn `Abbâs
sur les fautes capitales : « Sont-elles au nombre de sept ? » Il
répondit : « Je dirais plutôt qu’elles s’approchent des sept cent. Mais
avec l’imploration du pardon, un péché majeur ne reste plus majeur, [il
diminue jusqu’à disparaître], et avec l’obstination un péché mineur ne
reste plus mineur, [mais il grandit]. » Il a dit également :
« Toute chose avec laquelle on désobéit à Allah est une faute capitale. Quiconque commet quelque chose de ce genre doit demander pardon à Allah, car Allah ne voue un membre de cette communauté au Feu Éternel que s’il ressort de la religion de l’Islam, ou nie un devoir d’obligation fondamentale, ou nie le Décret. »
« Toute chose avec laquelle on désobéit à Allah est une faute capitale. Quiconque commet quelque chose de ce genre doit demander pardon à Allah, car Allah ne voue un membre de cette communauté au Feu Éternel que s’il ressort de la religion de l’Islam, ou nie un devoir d’obligation fondamentale, ou nie le Décret. »
`Abd Allah b. Mas`ûd
a dit : « Les fautes capitales sont toutes les choses qu’Allah a
mentionnées comme interdites dans la sourate « Les femmes » depuis son
début jusqu’à Sa parole : " Si vous évitez les fautes capitales qui vous ont été interdites, Nous vous accorderons expiation de vos mauvaises actions. "
`Alî b.
Talha a dit : « Le péché capital est tout acte dont l’auteur a été
menacé par Allah dans le Coran de Feu, de Sa colère, de l’exécration et
de châtiment. »
Ad-Dahhâk
a dit : « Il s’agit de tout acte pour lequel Allah prévoit une peine
légale dans ce monde ou un châtiment dans l’Autre monde. »
Al-Husayn
b. al-Fadl a dit : « Il s’agit de tout acte qu’Allah a qualifié dans le
Coran de grave ou d’abominable, comme dans les versets suivants : " C’est là un crime grave " , " Les tuer, c’est pure abomination ! " , " Vraiment l’associationnisme est une injustice énorme " , " Vos embûches féminines sont en vérité terribles " , " Grand Dieu ! C’est une énorme calomnie ! " , " Ce serait une énormité auprès d’Allah. "
Sufyân
ath-Thawrî a dit : « Les fautes capitales, c’est tout ce qui touche aux
injustices que tu as fait subir aux gens. Quant aux fautes mineures,
c’est tout ce qui touche aux droits qu’Allah a sur toi, car Allah est
Généreux et Indulgent. »
Sufyân
entend par là que les fautes qui concernent un droit qu’Allah a sur Son
serviteur sont plus faciles à éliminer que les fautes qui touchent les
droits des gens, car les premières peuvent être effacées par
l’imploration du pardon, l’absolution divine, l’intercession, etc.,
tandis que les injustices commises contre les gens exigent réparation.
Dans « al-mu`jam » d’at-Tabarânî on trouve le hadith suivant : « L’injustice est classée auprès d’Allah dans trois registres :
-
un registre dans lequel Allah ne pardonne rien, à savoir le registre de l’associationnisme, puis il () récita : " Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quoi que ce soit "
-
un registre où Allah ne laisse rien sans le prendre en compte : c’est celui qui concerne les injustices que les serviteurs commettent les uns contre les autres.
-
un registre auquel Allah ne donne pas une grande importance. Il concerne l’injustice que le serviteur commet à l’égard de son âme, touchant un droit qu’Allah a sur lui. » [8 ]
As-Suddî a dit : « Les « kabâ’ir » sont les grands péchés qu’Allah a interdits. Les « sayyi’ât
(mauvaises actions) » sont leurs prémisses comme le regard
[concupiscent], le toucher, le baiser, ainsi que d’autres actes de ce
genre que commettent aussi bien les pieux que les pervers. » Il a argué
pour cela de la parole du Prophète
: « Les yeux commettent la fornication, les pieds commettent la
fornication, et c’est le sexe qui vient confirmer tout cela ou le
démentir. »
[1] Hadith rapporté par al-Bukhârî — Livre de la foi —, at-Tirmidhî — Livre
de l’exégèse, chapitre : la sourate 4 et la sourate 6 —, an-Nasâ’î —
Chapitre : l’interdiction, chapitre : le partage — et Ahmad dans son musnad (2/201)(3/495).
[2] Hadith rapporté par al-Bukhârî — Livre de la science —, at-Tirmidhî — Livre des ventes —, et Ahmad dans son musnad (2/452).
[3] Hadith rapporté par al-Bukhârî — Livre de la foi —, at-Tirmidhî — Livre de l’exégèse — et an-Nasâ’î — Livre de la foi —.
[4] Coran, al-furqân, 68.
[5] Hadith rapporté par al-Bukhârî — Livre des recommandations, livre des
peines légales, livre de la médecine —, Muslim — Livre de la foi — et
Abû Dâwûd — Livre des recommandations —.
[6] Hadith rapporté par al-Bukhârî — Livre de l’éthique —, Abû Dâwûd — Livre de l’éthique — et Ahmad dans son musnad (2/164-195).
[7] La version authentique de ce hadith est celle-ci : « S’en prendre à l’honneur d’un musulman, sans droit, est aussi grave que la pire forme de l’usure. » Ce hadith est rapporté par Ahmad dans son musnad (1/190) et il est cité dans « sahîh sunan Abî Dâwûd » sous le n° 4081. La version ci-dessus est de faible autorité canonique : voir « da`îf sunan Abî Dâwûd » (n° 1039).
[8] Le shaykh Al-Albânî qualifie l’autorité de ce hadith de faible : voir mishkât al-masâbîh
(n° 5133). D’ailleurs la manière dont Ibn Al-Qayyim l’a cité prouve
qu’il émet des réserves quant à son authentification, puis qu’il a dit :
« Dans le mu`jam d’At-Tabarânî, on trouve ceci […] » sans l’attribuer au Prophète .
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