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mardi 29 juin 2021

La servitude et la repentance (deuxième partie) Les péchés capitaux et les péchés véniels par Ibn Al-Qayyîm Jawziyyah

 








Les péchés se divisent en péchés véniels et en péchés capitaux. Cela est prouvé par le Coran, la Sunna, le consensus des pieux prédécesseurs et la raison. Allah — exalté soit-Il — a dit : " Si vous évitez les fautes capitales qui vous ont été interdites, Nous vous accorderons expiation de vos mauvaises actions "  et Il a dit : " ceux qui évitent les péchés capitaux et les turpitudes, mais ne commettent que fautes légères -lamam-. " Il est rapporté dans le sahîh [d’al-Bukhârî] que le Prophète a dit : « Chacune des cinq prières canoniques est une expiation des péchés commis entre celle-ci et la prière précédente. La prière du vendredi est une expiation des péchés commis entre celle-ci et celle du vendredi précédent. Le mois de ramadan est une expiation des péchés commis entre celui-ci et le ramadan précédent, cela à condition de s’abstenir des fautes capitales. »

Le terme « lamam » désigne les fautes moins graves que les péchés capitaux. Il est rapporté dans le sahîh [d’al-Bukhârî], sur l’autorité de Tâwûs, lequel tient d’Ibn `Abbâs les propos suivants : « Je ne connais pas de texte qui fait allusion au lamam mieux que ce hadith qu’Abû Hurayra a rapporté du Prophète : « Allah a décrété pour le fils d’Adam sa part de fornication qu’il doit commettre sans aucun doute : les yeux commettent la fornication par le biais du regard, les oreilles commettent la fornication par le biais de l’écoute, la langue commet la fornication par le biais de la parole. Quant à l’âme, elle espère [atteindre la chose interdite] et [la] convoite ; et c’est le sexe qui vient confirmer tout cela ou le démentir. »

Muslim rapporte sur l’autorité de Suhayl b. Sâlih, lequel rapporte de son père, lequel rapporte d’Abû Hurayra , lequel tient du Prophète les propos suivants : « Les yeux commettent la fornication par le biais du regard, les oreilles commettent la fornication par le biais de l’écoute, la langue commet la fornication par le biais de la parole, la main commet la fornication par le biais du toucher, les pieds commettent la fornication en marchant [vers l’objet du désir]. »

Le lamam a deux sens :

  • Il signifie toute faute pour laquelle Allah ne cite pas de peine légale dans ce monde ni de châtiment dans l’Autre monde. C’est ce genre de fautes que les cinq prières canoniques peuvent expier tant qu’elles ne dégénèrent pas en fautes capitales ou en turpitudes.
  • Il peut s’agir aussi du péché grave auquel le musulman succombe de temps à autre en s’en repentant à chaque fois.
L’avis exact est que le lamam désigne les fautes légères comme le regard [concupiscent], le clin d’œil, le baiser, etc.

Telle est la doctrine de la plupart des Compagnons et de leurs pieux successeurs. Cela ne contredit pas l’avis d’Abû Hurayra et d’Ibn `Abbâs, car selon une deuxième tradition attribuée à eux, ils ont dit : « Il succombe au péché majeur sans récidiver. » On peut donc envisager que le lamam inclut les deux significations, ou qu’Abû Hurayra et Ibn `Abbâs ont joint [aux auteurs de fautes légères] celui qui commet une faute capitale une seule fois, sans s’y obstiner, un péché qui n’est rien d’autre qu’un faux pas dans sa vie, et ont estimé que la faute ne devient grave que si auteur la commet plusieurs fois. Cela relève, d’ailleurs, de la compréhension des Compagnons et de leur érudition. Et sans aucun doute Allah pardonne à Son serviteur la première fois, la deuxième, voire la troisième fois. Mais on craint la chute surtout pour celui qui fait du péché une habitude et récidive chaque fois, comme en témoignent beaucoup de traditions rapportées par les pieux prédécesseurs, et d’ailleurs l’expérience en témoigne. Selon certaines traditions, on a fait comparaître un voleur devant `Alî qui ordonna de lui couper la main. Le voleur s’écria : « Emir des croyants ! Par Allah, c’est la première fois que je commets un vol ! — Tu mens, lui répliqua-t-il. » Quand la peine légale lui fut appliquée, il lui dit : « Dis-moi la vérité, combien de fois as-tu commis un vol ? — Plusieurs fois, lui répondit le voleur. — Cette fois, tu as dit la vérité. Jamais Allah ne reprend Son serviteur pour le premier péché commis. »

Si on considère que le péché grave qui a été commis une seule fois ne fait pas partie du lamam, il est au moins de même nature que lui. Donc les deux avis attribués à Abû Hurayra et Ibn `Abbâs ne se contredisent pas — seul Allah en sait plus —.

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